Lison Vézina

Membre de l'Ordre du Bleuet depuis 2023

Pédagogue accomplie et porteuse de culture, pour avoir marqué toute une génération d’amoureux de théâtre, Lison Vézina fut reçue membre à l'Ordre du Bleuet, le 3 juin 2023, à la Salle Pierrette-Gaudreault à Jonquière.

Pédagogue accomplie et porteuse de culture, pour avoir marqué toute une génération d’amoureux de théâtre, Lison Vézina fut reçue membre à l'Ordre du Bleuet, le 3 juin 2023, à la Salle Pierrette-Gaudreault à Jonquière.

Pédagogue accomplie et porteuse de culture, pour avoir marqué toute une génération d’amoureux de théâtre, Lison Vézina fut reçue membre à l'Ordre du Bleuet, le 3 juin 2023, à la Salle Pierrette-Gaudreault à Jonquière.

Pont enjambant la rivière à Chicoutimi.

Crédit : Photo Patrick Simard

Son histoire

Lison Vézina reçoit sa lithographie hommage d'Alayn Ouellet, membre du comité des candidatures de l'Ordre du Bleuet.

Lison Vézina entre en scène à Bagotville, le 23 décembre 1938, dans un logement modeste rempli de livres. Son père, Charles-Ernest Vézina, s’engage dans l’armée en 1941 et part pour la Seconde Guerre mondiale. En 1943, Georgette Lajoie inscrit ses filles Lison et Maude dans un pensionnat de Portneuf afin qu’elles reçoivent une bonne éducation, jusqu’au retour de leur père en 1946. La même année, la famille déménage à Jonquière et le papa s’envole pour Fort Chimo (aujourd’hui Kuujjuaq) comme chef cuisinier avec une ...

équipe de scientifiques. En lui racontant ce peuple avec admiration, il transmet à son aînée l’amour du Nord, des Inuits et de leur culture. Normand âgé de 4 mois est adopté en 1948. Parents et enfants s’installent par la suite à Saint-Charles-Borromée, petite localité de 500 habitants au bord du Saguenay. La maman y est chauffeure de taxi, postière et factrice et le papa est toujours dans le Nord.

À 14 ans, la brillante pensionnaire de l’École Normale du Bon-Conseil de Chicoutimi abandonne son rêve de devenir journaliste et décide qu’elle sera maîtresse d’école. Boursière grâce à l’excellence de ses notes, c’est une expérience heureuse et formatrice qui ouvre sa curiosité sur les arts, la littérature, la poésie, l’histoire et surtout le théâtre, une passion qui donnera un sens à sa vie. À 17 ans, fraîchement diplômée, elle retourne dans son patelin et enseigne à l’école du village. L’année suivante, responsable de la petite école du rang 2, elle rentre le bois, chauffe la truie, voit à toutes les tâches et instruit ses élèves, de la 1re à la 7e année. Après deux ans d’engagement, elle reçoit le Prix régional de l’Instruction publique de la province de Québec accompagné d’une généreuse prime de 20 $.

La jeune femme se marie en 1960 avec André Perron et donne naissance à ses deux filles, Sonia et Nathalie. En 1973, Jean-François, âgé de deux ans et demi, vient compléter la famille. Tous les enfants suivent des cours de musique, de danse ou de théâtre. Mais l’institutrice dorlote un rêve secret : avoir accès à des études supérieures. La seule façon d’y arriver est de s’inscrire au Centre des Maîtres du Bon-Conseil de Chicoutimi de l’Université Laval de Québec. Armée de son Brevet A, elle est engagée comme professeure de français au secondaire, mais son amour infini pour l’art dramatique ne la quitte pas. Parallèlement aux nombreuses séances montées avec ses élèves, elle débute donc une formation sous forme d’ateliers, de séminaires sur le jeu, la mise en scène, la scénographie et passe ses étés au centre d’art Val-Menaud, qui baigne dans la poésie et la nature. Puis c’est l’UQAC qui l’accueille enfin en littérature et théâtre.

Au début des années 1970, Lison s’implique à la Maison communautaire de Jonquière pour y faire du théâtre «engagé». Elle monte la pièce «Môman travaille pas, a trop d’ouvrage!» au Café communautaire. Elle délaisse finalement l’enseignement pour se consacrer entièrement à sa passion et, en 1977, prend la direction générale de l’Atelier de théâtre le Frou-Frou que ses filles menaient jusque-là à bout de bras. Elle participe à l’écriture des textes et à la mise en scène en plus de faire la promotion des spectacles et de trouver du financement. Riche de son expérience auprès des jeunes, elle met sur pied des laboratoires de jeu et de marionnette promulguant l’ouverture à la différence, l’équité et le dépassement de soi. Plus de 600 enfants, adolescents adultes et aînés fréquenteront ces formations annuellement.

Accrédité par la Ville de Chicoutimi, l’organisme quitte la maison familiale et emménage au Centre socioculturel. Se succèdent des productions très populaires comme «Le grand méchant cochon et les petits loups» en 1979, au Carnaval-Souvenir de Chicoutimi, ou «Orangine et Nougat au pays des bleuets» qui fait la tournée des écoles. La comédie musicale «La colonelle Z dans les fraises» ravit petits et grands et joue tout l’été 1981 à La Pulperie. L’auteure crée en 1980 «Le Noël d’Orangine» à CJPM-TV, qui tient l’antenne durant sept ans, lauréat du prix CAN PRO remis à la meilleure émission réalisée dans une station privée au Canada. En 1982, la troupe traverse l’océan et se produit dans quelques villes de France où sont interprétées «Ratatouille fait du jogging» et «Chansons d’autrefois». Les comédiens partagent les planches avec des célébrités comme Nana Mouskouri et Louis de Funès en participant à un spectacle-bénéfice improvisé.

La femme de convictions poursuit sa lancée en 1981 avec une réflexion sur l’environnement en collaboration avec le tout jeune biologiste Claude Villeneuve. «Les quatre saisons de Tamarac» aborde déjà le sujet du réchauffement climatique et de notre lien étroit avec la planète. Puis «Frimousse au pays des émotions ou voyage au pays de la non-violence» obtient le Méritas offert par l’Association canadienne pour les Nations-Unies, un prix qui lui assure une pérennité dans toutes les commissions scolaires québécoises. «Un bouquet de mots pour radis», qui a pour objectif de donner le goût de la lecture, et «Les malheurs d’Aurélie», dénonçant la surconsommation, suivront avec autant de succès. La dernière pièce écrite par la dramaturge, «Marie et Simon ou la source de mon enfance», est publiée chez JCL et lui permet de faire le tour des salons du livre. Et coup de théâtre, en 1990 Lison change de vie, s’installe à Montréal et s’inscrit en sciences politiques à l’UQAM. Mais en 1995, n’écoutant que son grand cœur, elle revient au chevet de sa sœur malade et l’accompagne pendant un an jusqu’à son décès.

Au début des années 2000, Lison s’engage à Québec auprès des clientèles fragilisées. Elle met en scène «La visite», de Michel Marc Bouchard, avec des résidents du quartier Limoilou et s’implique auprès de la Société canadienne du cancer, des sidéens et de l’organisme Lire et faire lire. En 2008, à 70 ans, elle se transforme en guide au Musée des Sœurs du Bon-Conseil et prodigue son savoir sur le destin des Québécoises, tout en perfectionnant son anglais à temps perdu. À la fermeture du musée, elle est recrutée par la Cathédrale de Québec et donne le meilleur d’elle-même aux férus d’histoire, et ce, dans les deux langues. Pour leur donner accès à la culture, elle aménage une bibliothèque, un jardin communautaire et organise un marché pour ses voisins dans le HLM où elle vit. Puis elle revient dans la région.

Lison Vézina est une porteuse de culture qui a marqué toute une génération d’amoureux du théâtre. Et si elle a joué un rôle capital dans le monde de la création régionale, la citoyenne du monde n’a pas encore tiré sa révérence puisqu’elle affirme volontiers qu’elle a toujours le Saguenay dans le cœur… et des projets d’écriture plein la tête!

Texte de Christine Martel

Vidéo de présentation

  • Réalisation : Marie-Josée Paradis et les membres du comité des candidatures
  • Texte : Christine Martel
  • Montage : Les Films de La Baie
  • Lecture : Josée Bourassa et Éric Chalifour