Gérard Bouchard

Membre de l'Ordre du Bleuet depuis 2023

Historien sociologue, homme d'idées, écrivain, pédagogue, pour le rayonnement de son œuvre et son attachement indéfectible au Saguenay–Lac-Saint-Jean, fut reçu membre à l'Ordre du Bleuet, le 3 juin 2023, à la Salle Pierrette-Gaudreault à Jonquière.

Historien sociologue, homme d'idées, écrivain, pédagogue, pour le rayonnement de son œuvre et son attachement indéfectible au Saguenay–Lac-Saint-Jean, fut reçu membre à l'Ordre du Bleuet, le 3 juin 2023, à la Salle Pierrette-Gaudreault à Jonquière.

Historien sociologue, homme d'idées, écrivain, pédagogue, pour le rayonnement de son œuvre et son attachement indéfectible au Saguenay–Lac-Saint-Jean, fut reçu membre à l'Ordre du Bleuet, le 3 juin 2023, à la Salle Pierrette-Gaudreault à Jonquière.

Pont enjambant la rivière à Chicoutimi.

Crédit : Photo Patrick Simard

Son histoire

Gérard Bouchard reçoit sa lithographie hommage de Gilberte Dufresne, vice-présidente Saguenay et membre du conseil d'administration de l'Ordre du Bleuet.

Fils de Philippe Bouchard et d’Alice Simard, et frère de Lucien, l’histoire de Gérard Bouchard débute à Jonquière en 1943 dans une famille ouvrière. Comme bien des garçons de son âge, il rêve de devenir joueur de hockey professionnel, puis comédien comme Michel Dumont qu’il fréquente au collège. Son insatiable curiosité est très tôt encouragée par ses parents qui valorisent les études et le dépassement de soi.

Le jeune homme étudie finalement à la faculté des sciences sociales de l'Université Laval, principalement avec les ...

professeurs Léon Dion et Fernand Dumont. Il y obtient un baccalauréat puis une maîtrise en sociologie (1968). Il s’inscrit ensuite à l'Université de Paris sous la direction de l’historien des mentalités Robert Mandrou. En 1971, l’étudiant doué complète un doctorat de 3e cycle avec une thèse en histoire sociale, «Le Village immobile : Sennely-en-Sologne au XVIIIe siècle», publiée l'année suivante aux éditions Plon. De retour au pays, il est professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi et ne perd pas de temps. Il publie sur la génétique des populations et la démographie du Québec et s'engage dans une étude en histoire sociale sur la région du Saguenay. Inspirée par les travaux de Lucien Febvre et Marc Bloch, cette démarche a notamment pour but de forger les moyens techniques et méthodologiques qui font défaut dans ce domaine.

Dans les réalisations fondamentales que le chercheur émérite a endossées, notons entre autres le projet BALSAC, qu'il fonde et dirige jusqu’en juin 2010. À l'aide d’un système de jumelage automatique de données nominatives de nature économique, sociale, culturelle et démographique, cette initiative mène à la création d'un registre universel et informatisé pour toutes les régions de la province, des débuts du peuplement au XVIIe siècle jusqu'aux décennies récentes. Depuis la fin des années 1970, ce fichier à nul autre pareil est exploité dans le champ de la génétique humaine, où il soutient des travaux d'épidémiologie et de génétique des populations. En 1972, le jeune enseignant fonde le Centre SOREP, qui deviendra en 1994 l'IREP à la suite d'une entente de collaboration entre sept universités québécoises. Sous sa direction jusqu'en 1998, l’organisme d’envergure internationale regroupe une cinquantaine de chercheurs titulaires et associés et environ 275 collaborateurs.

En 1979, le  diffuseur de savoirs cofonde la Corporation de recherche et d'action sur les maladies héréditaires, vouée à la prévention de ces maladies. De 1988 à 1998, il est coresponsable du Projet d'histoire rurale comparée Québec/France (XVIIe-XXe siècles). Il travaille également sur le fichier RIMA, une banque de données orales couvrant une douzaine de territoires du Québec et comportant des données culturelles issues de centaines d’entrevues en profondeur avec des personnes âgées, portant sur le rituel du mariage durant la période 1920-1940. La somme de ces travaux mène à la publication, en 1996, de «Quelques arpents d’Amériques : Population, économie, famille au Saguenay, 1838-1971». Plus proche de nous, en 2007-2008, à la demande du gouvernement québécois, M. Bouchard copréside, avec le philosophe Charles Taylor, la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles qui ne laissera personne indifférent.

Gérard Bouchard est auteur, coauteur ou codirecteur d’une quarantaine d’ouvrages. Il a fait paraître près de 300 articles dans des revues scientifiques et prononcé plus de 600 conférences et communications ici, au Canada et à l’étranger. La grande partie de ses recherches actuelles concernent des questions liées à la politique de la mémoire, à l’avenir des cultures et des identités nationales, aux fonctions sociales des mythes, à la gestion de la diversité ethnoculturelle et, de façon générale, à la structure et au fonctionnement des imaginaires collectifs. L’homme de convictions poursuit en parallèle une œuvre de romancier, dans laquelle il met en scène des récits de fondation dans le cadre du Nouveau Monde, où se rencontrent descendants d’Européens et Autochtones. Notre paysage et nos ancêtres s’animent en effet sous sa plume, dans une langue accessible à tous, grâce à ses magnifiques romans «Mistouk», en 2002, «Pikauba», en 2005 et «Uashat», en 2009, aux Éditions du Boréal. C’est l’un des premiers écrivains qui donnent une place primordiale aux communautés autochtones et leur accordent une attention bienveillante, à une époque encore récente où leur culture brillait par son absence. Libelliste à ses heures, il n’hésite jamais à lancer quelques pavés dans la mare pour défendre ses idées et faite réfléchir ses contemporains, par exemple dans sa chronique régulière Point de vue au journal Le Devoir.

Cet intellectuel, reconnu comme l’une des plus importantes sommités du Québec, a participé au rayonnement de la région non seulement par ses ouvrages universitaires et son enseignement, mais surtout par son engagement indéfectible et rigoureux dans la recherche cruciale sur les mythes fondateurs et dans le domaine de la santé. En puisant dans la sociologie, l’histoire, la démographie, l’anthropologie, la biologie, la génétique, soutenu par les nouveaux outils informatiques, il a contribué à l’avancement des connaissances sur la société régionale et québécoise. Grâce à sa vision éclairée, il a déboulonné des idées reçues tenaces pour décrire avec justesse le parcours de notre société contemporaine et ses multiples défis. De nombreux prix ont souligné son apport exceptionnel à notre communauté comme sociologue, historien, enseignant et écrivain, mais aussi pour son écoute des gens ordinaires. Pour en nommer quelques-uns, notons la Légion d’Honneur, en France, en 2002; le Prix Abitibi-Consolidated, catégorie intérêt général, en 2005; un Doctorat honoris causa de l'Université de Moncton, en 2006, et de l'Université de Guelph, en 2011; le deuxième prix de la Présidence de l'Assemblée nationale du Québec (livre politique) pour «L'interculturalisme : un point de vue québécois», en 2013; un Doctorat honoris causa de l'Université de Sherbrooke et le Prix Jean-François Derec, en 2015.

Peut-on s’en étonner, le grand rêve de Gérard Bouchard est de vivre le plus longtemps possible et de garder une vie intellectuelle et physique active. Entouré de Catherine et Antoine, nés de son union avec sa critique et épouse, Lise Bergeron, et ses petits-enfants Antoine, Albert et Étienne, parions que son inextinguible soif de connaissance et son érudition n’ont pas fini de nous ravir et de parler de nous.

Texte de Christine Martel

Pour en savoir plus sur ses publications, consultez: https://fr.wikipedia.org/wiki/Gérard_Bouchard

Vidéo de présentation

  • Réalisation : Marie-Josée Paradis et les membres du comité des candidatures
  • Texte : Christine Martel
  • Montage : Les Films de La Baie
  • Lecture : Josée Bourassa et Éric Chalifour