Ethnologue, fondatrice du Musée de Mashteuiatsh, Carmen Gill-Casavant fut reçue membre de l'Ordre du Bleuet, le 19 juin 2010, à la Salle Pierrette-Gaudreault à Jonquière.
Ethnologue, fondatrice du Musée de Mashteuiatsh, Carmen Gill-Casavant fut reçue membre de l'Ordre du Bleuet, le 19 juin 2010, à la Salle Pierrette-Gaudreault à Jonquière.
Crédit : Photo JPLT Tremblay
Carmen Gill-Casavant † (29 décembre 1926 – 26 août 2018)
Née à Mashteuiatsh le 29 décembre 1926 sur les bords du lac Piékouakami, Carmen Gill a transcendé ses racines montagnaises en un véritable joyau : le musée amérindien de Mashteuiatsh qui a pour vocation la protection de la culture et des traditions amérindiennes.
Son enfance se vit au rythme de la vie sédentaire de la Réserve où les nomades de la grande famille Gill passent entre les saisons. Ces visiteurs y déversent le récit de leur épopée en forêt, captivant une petite fille fascinée par l’évocation de cette vie en harmonie avec ...
la nature. Elle se désole cependant de voir que tous les objets précieux tirés de cette nature sont dispersés entre les mains des touristes pour une poignée de dollars.
Détournée de ces préoccupations par toute une vie de femme à vivre : le mariage avec Wilfred Casavant et le séjour prolongé aux États-Unis où elle donnera naissance à ses trois enfants, Carmen Gill ne renonce pas au rêve de son enfance, créer un lieu où rassembler et sauvegarder les traces de sa nation.
De retour à Mashteuiatsh, Carmen travaille à la réalisation d’un musée, lequel ouvrira ses portes en 1977. Pas question de créer une simple vitrine d’artefacts. Son but est d’aller plus loin que l’objet pour en révéler l’expression. Certains diront qu’elle a donné à ce musée « une âme, un cœur, une chaleur, une personnalité que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. À plusieurs égards, c'est la notion de muséologie elle-même qu'elle modifie en imposant, avec tact et détermination, sa vision du patrimoine et de son rôle dans le développement culturel du Québec. »
Son œuvre dépasse les murs du musée par l’influence qu’elle insuffle à d’autres démarches muséologiques consacrées au patrimoine des autochtones, principalement celle des Pekuakamiulnuatsh. Visionnaire à plusieurs égards, son engagement a contribué à stimuler le développement culturel des peuples autochtones. Pour cette raison, le jury des Prix du Québec lui a décerné le Prix Gérard-Morisset en 1993.
Texte de Christiane Laforge
2018-08-27
Carmen Gill-Casavant, fondatrice du Musée amérindien de Mashteuiatsh.
On ne sait trop pourquoi, mais certains adieux sont plus difficiles à supporter. Peut-être que d'avoir contribué à l'hommage rendu à cette grande dame visionnaire, par l'Ordre du Bleuet en 2010, crée un lien particulier. Comme auteure de nombreux textes biographiques publiés sous le nom de chaque membre de l'Ordre (ils sont aujourd'hui 97) j'ai consacré tant d'heures en recherche, entrevues et rédaction, que j'ai l'impression d'être entrée dans leur vie. En silence... car ce sont eux qui sont exceptionnels et c'est à eux que l'hommage est rendu.
J'ai vécu chaque décès des membres de l'Ordre du Bleuet comme un arbre que l'automne dépouille de ses feuilles. Celui de Carmen Gill me touche beaucoup, m'attriste et me galvanise à la fois. Parce que son souvenir et plus encore son œuvre vont vivre.
Femme lumineuse, charismatique, «gardienne de la mémoire» des siens, comme le soulignaient Yolande Côté et Claude Janelle, lors de la remise du Prix Gérard-Morisset 1993, Catégorie culturelle, Carmen Gill a ouvert la voie à la voix des siens.
«Son rêve se concrétise en 1977 : le musée amérindien de Pointe-Bleue lève le voile sur la culture de son peuple. Carmen Gill-Casavant lui ...
a donné une âme, un cœur, une chaleur, une personnalité que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. À plusieurs égards, c'est la notion de muséologie elle-même qu'elle modifie en imposant, avec tact et détermination, sa vision du patrimoine et de son rôle dans le développement culturel du Québec », poursuivent les auteurs Côté et Janelle, rappelant que pour cette fondatrice du musée amérindien, l'objet n'est pas inerte, mais « une matière qui bat».
Un cœur battant le rythme de ses ancêtres auxquels elle a consacré sa vie.
Avec toute mon admiration et mon affection, au revoir, madame Gill.
Christiane Laforge
27 août 2018
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